175ème RI

175ème Régiment Infanterie

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Le 175ème RI est un régiment formé tardivement. Il ne va pas combattre en France…

1915

Les trois bataillons du régiment, formés: le 1er à Riom, le 2e à Grenoble, le 3e à Saintes, se réunissent à Marseille le 3 mars 1915. Le régiment embarque le lendemain sur les paquebots Provence, Charles-Roux, Armand-Behic, Chaouia, etc., etc. .

Après un court séjour à Lemnos, puis à Alexandrie, puis de nouveau à Lemnos, le 175e débarque au cap Helles, sur la plage de Sedd-ul-Bahr (presqu’île de Gallipoli), le 27 avril, sous le feu de l’ennemi et repousse dans la même journée deux attaques des Turcs.

Le lendemain 28, le régiment attaque en direction d’Achi-Baba, sous un feu des plus violents, il progresse de 200 à 300 mètres. Combats acharnés.

Après avoir tenu toute la journée, le régiment, qui subit des pertes sévères (13 officiers et 650 hommes hors de combat), se replie sur les positions de la veille.

Le 1er mai, attaque générale des Turcs. Le 2 mai à 1 heure, la situation est critique : l’ennemi avance partout. Le lieutenant-colonel PHILIPPE, commandant le régiment, fait sonner la charge et se porte en avant. A 3 heures nous avons reconquis nos tranchées et repoussé l’ennemi dans ses lignes. Le lieutenant-colonel PHILIPPE est grièvement blessé et est remplacé dans son commandement par le commandant LINARES. Très lourdes pertes chez l’ennemi, chez nous une douzaine d’officiers et 500
hommes hors de combat.

Les Turcs renouvellent leurs attaques dans la nuit et le lendemain, mais ils sont repoussés. Le 8 mai, le régiment attaque à la baïonnette, et sous un feu violent gagne les tranchées ennemies et s’y maintient.

sed ul bahr

Nous attaquons à nouveau le 4 juin, le 21, le 13 juillet, le 7 août. Le terrain est particulièrement difficile, la chaleur accablante. Les Turcs nous opposent une résistance acharnée et contre-attaquent furieusement, aussi notre progression est-elle insignifiante, malgré l’héroïsme des troupes.

A Seddul bahr, juillet 1915

Plaque qui commémore le sergent Germain Culet, mort aux Dardanelles le 5 juin 1915

Dans l'Eglise de Bonneval

Du 7 août au 26 septembre, le régiment reste sur ses mêmes positions. Le 25 septembre, il reçoit l’ordre d’embarquer.

Le 175e quitte la presqu’ile de Gallipoli le 26 septembre, fait escale à Moudros et débarque à Salonique le 6 octobre 1915.


Soldats du 175ème à Salonique

Il en repart le 22, et se rassemble le 1er novembre dans la région de Rabrovo-Tatarli, pour coopérer à la protection de l’armée serbe en retraite.

Du 3 au 20 novembre, de très durs combats sont engagés avec les Bulgares: Mesmély, Dovol-Oba, Ormanli, cote 850. Le village de Costorino, en Bulgarie, est occupé par le régiment mais n’est pas conservé.

Le chef de bataillon JANIN, qui à cette époque commandait le régiment, a été grièvement blessé.

Au début de décembre, les Bulgares attaquent avec de grandes forces et obligent nos troupes à se replier. Le Vardar est franchi le 9 décembre, la frontière grecque le 12.


1916

Le régiment prend part, après le repli, à l’organisation du camp retranché de Salonique et des ouvrages de la première ligne de défense au nord de Vatiluck, du 20 décembre 1915 à fin avril 1916.

Du 7 mai au 30 juillet, le 175e occupe en première ligne le secteur de Kalinova, secteur calme, aucune attaque de part et d’autre.

A cette date, la 156e division dont fait partie le 175e est relevée par les troupes britanniques. Le régiment va cantonner sur la rive droite du Vardar, dans la région de Bohemica, Tossilovo, Gudmenze.

Le 23 août, mouvement par voie ferrée jusqu’à Vertekop, puis étapes successives à Vladova, cote 551, Ostrovo, Cegan, Katranica, Udzana, Kajalar. Le 12 septembre, en liaison avec les Russes, le régiment enlève le Subrec, et les hauteurs avoisinant le lac de Rudnik.

La division marche ensuite en direction de Florina. Le 19 septembre, le 175e attaque Petorak  (actuellement Tripotamos en Grèce).. Bataille acharnée. Le 1er bataillon, notamment, subit des pertes sévères et se trouve réduit à un officier et une soixantaine de soldats.

L’attaque échoue malgré l’héroïsme de nos soldats. La cavalerie bulgare, qui du reste a subi un sanglant échec, s’est conduite avec une particulière cruauté, lardant de coups de sabre blessés et brancardiers. Le régiment se reforme les jours suivants.

A la date du 30 septembre 1916, il est cité à l’ordre de l’armée avec le motif suivant : « Sous le commandement du lieutenant-colonel ARQUE, a enlevé, au prix de grands sacrifices et de fatigues extrêmes, les hauteurs du Subrec et la Malareka, défendues par des troupes bulgares et des habitants assassins les fusillant dans le dos. »

Principaux lieux cités dans ce passage. Les alliés réussissent à reconstituer un front ‘serbe’ à la fin de 1916.

Le 175e prend les lignes à Negocani, du 6 octobre au 8 novembre.

Il va ensuite au repos à Vakufkoj et part pour la boucle de la Cerna. Combats très durs le 14 novembre et les jours suivants.

Le 22 novembre 1916, attaque de la cote 1050. Lutte particulièrement pénible qui se prolonge les 23, 24, 25, 26 et 27 novembre. Nos troupes, furieusement contre attaquées par les Bulgares, ne peuvent progresser et ne se maintiennent pas sur les pentes de la cote 1050.

Progression alliée fin 1916
Progression alliée fin 1916

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Le régiment reste sur ce front jusqu’à la fin de la guerre… mais ce n’est pas fini !

CAMPAGNE DE CRIMÉE (Décembre 1918-Avril 1919)


Le régiment étant désigné pour aller à Sébastopol, en Crimée, il quitte Verria le 17 décembre 1918 et se rend par voie ferrée à Salonique où il arrive le 18. Embarquement sur le Dobrouhja et le Varna. Départ le 20. Les Dardanelles sont franchies le 22, le Bosphore le régiment débarque à Sébastopol le 26, sans incidents.

Aucun incident jusqu’en mars 1919. A ce moment des troubles en ville laissent prévoir l’arrivée prochaine des troupes bolchevistes. Des précautions sont prises immédiatement On commence l’organisation du camp retranché; des réseaux de fils de fer sont placés en avant des positions célèbres du Mamelon Vert et de Malakoff. Le régiment va y prendre position le 11 avril (une compagnie reste en ville, compagnie BREILLAC, en prévision d’un soulèvement de la population). La place de Sébastopol a été mise en état de siège le 9 avril.

Le 15 avril, les troupes bolchevistes, après s’être emparées d’Inkermann, déclenchent une attaque sur Malakoff et le bastion 3. Nos tirs de mitrailleuses et de mousqueterie, ainsi que les tirs de l’artillerie de campagne les obligent à reculer en leur infligeant des pertes sensibles. Le 16, dans l’après-midi, de forts rassemblements signalés par nos observateurs dans le cimetière anglais, sont dispersés par une violente
canonnade des cuirassés ancrés en rade. Le 17, des négociations sont engagées avec les délégués des Soviets. Suspension d’armes.

Le 28 avril, le régiment embarque sur le Kherson et quitte Sébastopol sans incident dans l’après-midi.

A noter, ce que le journal du régiment n’évoque pas: Le 19 avril 1919, il y a une mutinerie dans la flotte française (Sébastopol en Crimée). Les mutins hissent le drapeau rouge sur les cuirassés France et Jean Bart faisant partie de l’escadre de la mer Noire.

L’incompréhension sur la mission des marins dans ces ports (la guerre est finie et gagnée !), la logistique terriblement défaillante des opérations alliées au profit des troupes blanches russes, ajoutée à l’idéal révolutionnaire bolchevique naissant peuvent expliquer la mutinerie française.

Celle-ci touche d’abord des navires français stationnés à Sébastopol (du 19 au 21 avril) puis Odessa (du 26 au 28 avril). C’est le refus d’effectuer des taches de manutention qui va pousser l’équipage du cuirassé France à se révolter le premier. Le mouvement touchera par la suite le Jean Bart, le Vergniaud ou encore le Waldeck-Rousseau.

A bord du France, le commandant du cuirassé, le capitaine de vaisseau Robez, ainsi que le vice-amiral Amet, commandant de l’escadre en mer Noire, sont enfermés dans leurs appartements.

Le France appareille de Sébastopol le 23 avril, arborant le drapeau rouge à la place du pavillon national. Il fait route vers la Tunisie où prendra fin la révolte. Les meneurs furent lourdement sanctionnés.

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Symboles

Vignette du Régiment 1916 ou 1917

Honneurs sur le drapeau: Florina 1916 et Dévoli 1917


ERREURS ?

Le 175ème RI a été formé en 1915. Comment deux soldats de cette unité, Henri Riverand et Joseph Tessier, sont ils morts fin 1914 (tombe multiple au cimetière de Catenoy) ?

Recherches…

Henri Riverand du 175eme RI correspond probablement à Henri REVIRAND du 75eme RI, mort le 11/10/1914 à Caillouet-Orgeville – hôpital temporaire n°13, des suites de blessures de guerre. -> L’inscription sur la tombe comporte des erreurs sur le nom et sur l’unité le concernant.


Joseph Tessier du 175eme RI correspondrait à Daniel Joseph TESSIER du 125eme RI, mort le 28/11/1914, à Orgeville – hôpital temporaire des suites de maladie contractée au service)


Ces hypothèses sont confortées par le fait que ces trois personnes sont mortes dans la même localité. Les dépouilles ont été transportées depuis l’Eure vers l’Oise après guerre. C’est une longue distance.

Merci au lecteur qui a permis de clarifier cette situation surprenante !

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En juin 1918 dans l’Oise ?

A Vignemont
A Vignemont

Une tombe du 175eme RI dans l’Oise. Surprenant car l’unité n’a pas combattu en France.

Après vérification, c’est l’inscription sur la tombe qui est incorrecte. Firmin Demars était Caporal au 173ème RI.

Au cimetière du Faubourg Pavé à Verdun, dans la très longue liste des régiments présents dans le cimetière, le 175ème RI est cité.

Très surprenant car le 175ème n’est jamais venu dans le secteur, le régiment n’a jamais combattu en France. En recherchant dans liste des soldats enterrés en ce lieu, on n’a pas réussi à retrouver le ou les soldats correspondants. Est ce une erreur ?

Sur la gauche de la photo ci-dessus, la tombe toute proche du monument correspond au corps d’un soldat inconnu qui n’a pas été tiré au sort lors de sélection du corps à placer sous l’arc de triomphe:

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