125ème RI

125ème Régiment d’infanterie

Article écrit avec des extraits de l’historique du régiment sur Gallica.fr


1914 – Mobilisation.

Le samedi 1er août 1914, bien que chacun sentit proche l’évènement qui devait entrainer le choc
effroyable des nations, le 125e régiment d’infanterie manœuvre, comme à l’habitude, dans les landes du Camp de Biard.

Vers 8 heures, un cycliste apporte l’ordre de regagner les casernes.

Chacun a compris et les compagnies se dirigent vers la ville en chantant la Marseillaise et le Chant du Départ. Les officiers, groupés autour du colonel, reçoivent les ordres. Rien n’est encore décidé : il faut être prêt seulement et l’on distribue les fameuses « collections de guerre ».

Le soir, vers 16 heures, dans la cour de la caserne Rivaud, le cycliste de la brigade surgit tout à coup, porteur du télégramme qu’il remet au colonel. C’est la guerre. La musique se rassemble et joue la Marseillaise : une flamme d’enthousiasme s’allume et la résolution brille dans tous les yeux…

Les premiers éléments du régiment quittent Poitiers, le 5 août, vers 11 heures. Le colonel a décidé de rendre les honneurs au Drapeau sur la Place d’Armes.

Le drapeau du régiment juste avant-guerre

La ville se pavoise ; le Préfet, le Maire, l’Evêque viennent saluer le régiment qui part.

Dans l’après-midi et dans la nuit, les dernières unités du 125e prennent le départ….


Deux hommes qui ont choisi de rejoindre volontairement le régiment:


1914 – En Lorraine

Les premiers jours de campagne sont employés pour le 125e à une série de marches et de mouvements divers, dont le but immédiat est la concentration de plusieurs corps d’armée dans les environs de Nancy. Ces Corps différents devaient former une armée, et le commandement en était donné au général de CASTELNAU.

Le régiment, le 12 août, se porte en première positions dans la région de Brin-sur-Seille, Eulmont et forêt de Champenoux. Le lendemain une fusillade intense se déclenche dans la direction de Gremecey, où le 153e d’infanterie livre combat.

Nous avons, ce jour-là, notre premier tué, un soldat de la 9e compagnie, qui, au cours d’une patrouille au nord-est de Bioncourt, est abattu par trois cavaliers allemands.

Tous les jours qui suivent, l’ennemi recule sous la poussée du 20e corps. Le régiment passe la Seille, le 18, et prend position sur le front Grémecey-Pettoncourt-Chambrey. En passant la frontière, les hommes prennent d’eux-mêmes le pas cadencé et mettent l’arme sur l’épaule droite.

Notre séjour en pays reconquis est de courte durée. Désigné, comme le 9e corps, pour être dirigé vers le Nord, où l’ennemi s’avance, le 125e quitte ses positions et rejoint Essey-les-Nancy, caserne Kléber, où il s’installe…

Mais la bataille maintenant bat son plein. Une partie du 9e corps fait route vers la Belgique, l’autre doit suivre. Mais le 20 août, à 9 heures du soir, l’alerte est donnée aux régiments sur le point d’embarquer. Le 125e, n’emportant que ses cartouches et des vivres, abandonne en hâte la caserne Kléber. Les sections passent la nuit dans les luzernes ou les blés ; le lendemain, elles s’établissent sur place dans des tranchées creusées par le Génie.

Le 24 août, un escadron du 7e Hussards annonce l’arrivée de fortes colonnes allemandes, et le 125e reçoit l’ordre de se porter en avant. Le mouvement commence à 6 heures 30, le 1er et le 3e bataillon en ligne d’attaque, le 2e en réserve dans le bois de Salvilau. Dans l’après-midi le régiment prend l’offensive. Les objectifs sont : Réméréville, cote 305 d’abord, puis finalement Hoeuville et bois de Besange-la-Grande.

A l’approche de Réméréville pleuvent les premiers obus allemands, et les bataillons doivent prendre leurs dispositions de combat.

Parvenus sur l’immense plateau qui s’étend au nord-est du village, nos fantassins sont reçus par une rude fusillade des Allemands. Les poilus ont commencé à se creuser des trous protecteurs et le jour s’éteint.

Le 114e régiment d’infanterie, qui est arrivé à notre hauteur, pousse une charge à la baïonnette à laquelle le 125e régiment d’infanterie s’unit d’un élan superbe. Les mitrailleuses allemandes se mettent à cracher, faisant des vides en nos rangs, obligeant nos unités les plus avancées à s’établir sur le plateau.

Le 2e bataillon, qui stationne depuis le soir, faisceaux formés, devant l’église de Réméréville, gagne le champ de bataille avant l’aurore.

Le feu est ouvert à 4 heures 30 par une vive fusillade, qui met obstacle à la progression du régiment déjà recommencée. Vers 7 heures 30, l’artillerie ennemie, assoupie jusqu’alors, commence ses tirs sur nos positions et nous sommes cinglés en même temps par un déluge de balles. Sous la protection de notre artillerie, qui a pris position un peu plus en arrière, et de nos sections de mitrailleuses, qui arrosent de leurs feux les bois, les taillis et les tas de gerbes derrière lesquels les Allemands s’infiltrent et se dissimulent.

Les compagnies se replient une à une, suivant l’ordre donné vers la sortie ouest de Reméréville.

Il est à peu près 10 heures quand la bataille d’infanterie cesse à notre avantage. Nos pertes sont élevées.

Le 26 août, le régiment reprend sur le plateau de Réméréville les positions de la veille fortifiées par le Génie.

Carte des opérations Nancy - Lunéville le 25 aout 1914
Carte des opérations Nancy – Lunéville le 25 aout 1914. Ce sont les batailles du Grand Couronné de Nancy et de la trouée des Charmes. Victoires décisives françaises

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1914 – Secteur d’Ypres

Les bataillons débarquent le 22 octobre à Hazebrouck et Streezelle. Dans une marche de nuit, au milieu des campements anglais et hindous, le 125e traverse la frontière belge, s’installe à Dranoutre et à Locre.

Le lendemain 23, le régiment, par Rheningelst et Dickebusch, parvient à Ypres vers 11 heures. L’ordre est donné, le soir, d’aller relever un régiment anglais très éprouvé au nord de Saint-Julien…

Le 24 octobre, au soir, une attaque est lancée sur Paschendaele, mais le mouvement ne réussit pas.

Le 26, le colonel reçoit le commandement des secteurs du 66e et 125e formant une brigade provisoire rattachée à la 7e division de cavalerie.

Dans un assaut hardiment poussé, le 27, à la tombée du jour, les 3e et 2e bataillons réussissent une progression qui établit le régiment face au village de Poëlkapelle. Le 1er bataillon parvient, le 29, à s’établir au même niveau.

Sur un monument à Ypres

Après une attaque infructueuse, le 4 novembre, l’ennemi remonte à l’assaut plusieurs fois dans la journée du 7. Il aborde en quelques endroits nos tranchées, où une lutte à la baïonnette, au revolver et au couteau nous laisse maitres du terrain.

Grande préparation d’artillerie dans la journée du 9 novembre, et, le 10, au milieu de la nuit, l’ennemi sort de ses tranchées. Grâce à l’obscurité profonde, une compagnie allemande réussit à s’infiltrer entre le 2e et le 1er bataillon : elle s’établit entre nos premières et secondes positions dans une tranchée abandonnée. Les 7e et 8e compagnies, en première ligne, se trouvent alors complètement isolées et privées de toute communication extérieure.

Par ailleurs, le colonel, qui a demandé le renfort d’un bataillon de chasseurs cyclistes et le soutien d’un groupe de cuirassiers mitrailleurs, donne l’ordre aux compagnies de réserve d’encercler totalement l’ennemi. Ce mouvement est achevé le 13 novembre, et la reddition de la compagnie allemande est obtenue.

Un soldat du régiment mort pendant ces combats:

A YPRES.
Louis Audoin est mort le 18 novembre 1914 à Saint-Julien près de Ypres

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Ce sergent s’est distingué aux combats en Lorraine (25 aout) et près d’Ypres (26 octobre et 12 décembre).

Il est mort à Potyze en Belgique, le 12 décembre, le jour même où il avait été blessé. Il était natif de Niort et avait 23 ans.

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1915 – En Artois

Une longue série d’étapes nous amènent en Artois, région de Frevent. Transportés par autos le 19 avril, nous prenons les lignes, le 20, dans le secteur de Roclincourt. Le régiment fait ici connaissance avec la guerre de mines.

Un officier équipé d’écouteurs tente de percevoir d’éventuels travaux ennemis.
Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205221922

Nous restons dans ce secteur du 20 avril au 2 mai sans autre repos que quatre jours passés à Habarcq et Lattre-Saint-Quentin. Relevé lui-même le 2 mai, le 125e remonte par étapes jusqu’à Vaudricourt et Noeux-les-Mines, où il arrive le 6. L’offensive de printemps est imminente….

Le 8 mai, nous apprenons que l’attaque est pour le lendemain. Le 9, la canonnade générale commence de fort bonne Heure. Tandis qu’elle redouble, vers 10 heures, les compagnies du 114e d’infanterie, dans un ordre merveilleux, colonel en tête, enlèvent les trois lignes de tranchées allemandes. Nous arrivons alors. Le 125e est disposé en soutien pour parer à la contre-attaque ennemie.

Les Frères DEVUNS au tableau d’honneur de l’Illustration. Gaston Devuns est mort le 9 mai 1915. Il commandait le 125ème RI.

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Le mardi 11 mai, le canon recommence à tonner : nous avons remplacé le 114e en ligne avancée et avons reçu l’ordre d’attaquer pour midi. L’attaque est ensuite repoussée, et à 14 heures seulement nos poilus s’élancent insouciants, sous la fauchée des mitrailleuses ennemies subitement révélées. Mais le mouvement n’a pas été soutenu, et le régiment regagne ses positions. La relève est faite la nuit suivante et nous prenons le repos à Nœux-les-Mines

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1918 – Méry !


En juin 1918, le régiment se trouvait engagé dans une contre-attaque menée par un groupement de divisions placées sous les ordres du général MANGIN.

Carte de la bataille du Matz

Qui pourrait décrire la manœuvre splendide exécutée par nos troupes sous le feu ennemi ? Du bois de Montgerain, le régiment sort en petites colonnes articulées, qui bientôt animent toute la plaine, d’où elles émergent au-dessus des blés encore verts et des beaux trèfles en fleur ! Spectacle unique que celui de tous ces soldats qui exécutent avec un ensemble parfait l’ordre du chef sous une grêle d’obus qui éclatent et de balles qui sifflent, vomies, celles-ci, des mitrailleuses embusquées dans des trous ou braquées sur les avions à croix noire évoluant au-dessus de nos têtes.

Un avion Halberstadt CL.II tombé aux mains des alliés le 9 juin 1918

Suivi de son adjoint et de toute sa liaison, le colonel marche en tête ouvrant la voie. Moins de deux heures après, appuyés par une série de tanks qu’éprouvait durement l’artillerie ennemie, nous débordions le village de Méry, par le nord et par le sud.


A la fin de la soirée, arrêtés dans notre marche, nous prenions nos dispositions pour assurer la défense du village et des positions conquises pendant que les chars d’assaut achevaient de brûler dans la plaine, en projetant des lueurs sinistres qui coloraient l’horizon d’une teinte semblable au sol rougi par le sang d’un grand nombre des nôtres. La nuit fut remplie par le sifflement aigu des rafales de mitrailleuses et des craquements de mitraille.

Le lendemain, des éléments de notre 1er bataillon appuyaient une attaque du 114e sur le bois Merlier, capturant une cinquantaine de prisonniers, dont un chef de bataillon. Dix mitrailleuses et 5 minenwerfer tombaient également entre nos mains. La réaction des Allemands fut terrible : leurs obus de tous calibres écrasaient nos tranchées et ne cessaient de harceler le village et ses issues.

Deux membres du régiment morts durant ces combats:

Tombe de Léonard Buisson, mort le 11 juin 1916

A Mery la bataille
Sur cette tombe, la petite étoile indique probablement un combattant de religion juive.

Tombe du Capitaine Xavier Prévot Leygonie.

A Dompierre

Symboles:

Le drapeau du régiment sur une carte de 1917:



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2 commentaires pour 125ème RI

  1. Bonjour, j aimerai savoir si il est possible de savoir si mon oncle duranceau désiré qui a servi comme soldat au 125 RI de poitiers matricule 4690 au corp et 1089 au recrutement et etait de la classe 1912 il a ete tue a Ypres en 1914 est ce qu il aurait une tombe dans un cimetiere militaire merci pour toute reponses de votre part

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