80ème RI

80ème Régiment d’infanterie

1914

Lorsque la guerre éclate, le 1er août 1914, le 80e régiment d’infanterie se trouve à Narbonne, sous les ordres du colonel de WOILLEMONT.

Il se mobilise au milieu de l’enthousiasme général et s’embarque en chemin de fer, le 7 août.

Il fait partie du 16e corps d’armée, 32e division, 63e brigade, et doit entrer dans la composition de la 2e Armée sur la frontière du Nord-Est.

EN LORRAINE (Août 1914) // Muhlwald (bois Vulcain).


Le 25 août, la 63e brigade attaque sur le front Mortviller (?) -lisière sud du Grand-Bois, quoique les troupes voisines ne puissent avancer, elle enlève le bois de Jantois à la baïonnette, si bien que, le soir, le 80e cantonne à Mortviller.


SUR L’YSER (Novembre-Décembre 1914)

Les Allemands essayent de déborder l’Armée française vers le nord, tandis que les troupes françaises gagnent elles-mêmes du terrain pour s’opposer à ce mouvement.

Le 80e participe à cette fameuse « course à la mer ». Embarqué le 29 octobre, il est aussitôt dirigé sur la Belgique, ses bataillons y combattent à Bischoote, Saint-Eloi et Wyschaate.

Le Caporal Castéla honoré:

Il partage, dans ces régions mornes et désolées, la dure et glorieuse existence des troupes de la 8e Armée à laquelle il appartient.

Sous un ciel gris, par un temps pluvieux, les hommes occupent des tranchées qui se remplissent d’eau peu à peu, ils restent là stoïques, les vêtements et les pieds mouillés, sans autres abris que des toiles de tente ou des papiers goudronnés, à peine protégés par des parapets de boue contre
les tirs des fantassins et des artilleurs allemands.

Le ravitaillement en vivres et en matériel, fort insuffisant, ne peut se faire que de nuit, dans un terrain semé de fossés et de marais, de trous d’obus remplis d’eau, dépourvu de boyaux et balayé sans répit par les mitrailleuses ennemies.

2 soldats du régiment morts dans le secteur d’Ypres:

A Ypres, tombe d’Albert Catala, mort le 4 décembre 1914

A Ypres, tombe d’André Coutian, mort le 22 décembre 1914

1915

Le 1er avril, le régiment rentre dans le secteur dit de « La Roche », entre Perthes et Souain, le 1er avril. Alors s’ouvre une période de guerre de mines. Le 16 avril, par exemple, les Allemands exécutent une terrible attaque à la mine; le 18, la mine française leur répond.

Le régiment subit 21 explosions, dont une ensevelit 35 hommes; il conquiert et organise 8 entonnoirs pratiqués par le génie qui le seconde.

Les pertes en avril-mai sont considérables et s’élèvent à 4 officiers et 165 hommes tués, 9 officiers et 899 hommes blessés. Aussi le colonel, pour honorer la vaillance de son régiment et exalter le moral, déploie-t-il, dès le 20 avril, le drapeau à son poste de commandement et l’y laisse flotter fièrement jusqu’au 27 mai.

En septembre, on retrouve le régiment, toujours aussi mordant, à la Main-deMassiges, en octobre à Tahure. Il y soutient, toujours avec le même allant et la plus grande opiniâtreté, des luttes sanglantes sans se laisser abattre.

Le moral du régiment, ainsi exalté par son chef énergique, se maintiendra par la suite quelque graves que puissent être les circonstances. C’est ainsi que, le 30 octobre 1915, à la Butte de Tahure, l’ennemi ayant anéanti notre première ligne par un bombardement des plus violents, s’en était emparé. La section de mitrailleuses du sous-lieutenant SONNAC, du 3e bataillon, placée en soutien et sans aucun appui
d’infanterie, mitraillant l’ennemi à courte distance, le tint en échec jusqu’à l’arrivée de renforts étrangers au régiment.

Pas banal: le père et le fils tous deux affectés au 80ème RI se sont distingués sur cette période:


Tombe de Emile DOUBLANC  mort en juillet 1915

A Suippes (ville)
A Suippes (ville)
Cimetière de Suippes
Cimetière de Suippes

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FLEURY-SOUS-DOUAUMONT (Août 1916)

Le 20 août 1916, le sergent HETUIN (Gabriel), et le caporal TUFFIER (Joseph), de la 9e compagnie, sont en première ligne. Les Allemands attaquent le poste à la grenade. Sans hésitation, ces deux gradés se portent et la rencontre des assaillants, engagent le combat à la grenade et utilisent au cours de la lutte les propres engins de l’ennemi qu’ils ramassent avant éclatement. Tous deux sont blessés.

Ce même jour, 20 août, une forte attaque allemande avec flammenwerfer est repoussée, quoique toutes les communications eussent été coupées et réduites à la liaison par coureurs.

Le 21 et le 22, nouveaux engagements. Le 24, la réduction d’un saillant ennemi vaut au régiment une avance de 200 mètres, avec 57 prisonniers allemands dont 1 officier, 3 mitrailleuses et un grenaten-werfer.

Le 25, violent bombardement par les Allemands et combats à la grenade. La 26, deux attaques allemandes à la grenade, lancées sur le front de la 6e compagnie, sont victorieusement repoussées; il en est de même pour une nouvelle attaque lancée sur le front des 9e et 10e compagnies; de nombreux cadavres ennemis restent devant les tranchées du 80e.
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Jusqu’au 30, le régiment tient bon. Ses pertes s’élèvent, pour cette période du 18 au 30 août, à 3 officiers et 170 hommes tués, 13 officiers et 613 hommes blessés.

Le régiment est honoré tout entier en la personne de son chef, le lieutenant-colonel Plande, par une citation qui résume cette glorieuse période. La citation du colonel est ainsi conçue: Chef de corps des plus énergiques. Par un effort continu, a formé un régiment instruit et discipliné qui, au cours des récentes opérations, s’est manifesté par ses qualités offensives et sa ténacité, parachevant le nettoyage d’îlots de résistance qui s’étaient maintenus dans un village récemment conquis et repoussant de continuelles contre-attaques dont une accompagnée de jets de liquides enflammés. A fait près de 150 prisonniers et ramené 3 mitrailleuses et un minenwerfer intact.

1917

La cote 304 va être le théâtre d’une nouvelle période pénible et sanglante.

Le 22 janvier 1917, le régiment va occuper le quartier du Bec: le secteur est bouleversé, les communications de jour entre les premières lignes et l’arrière sont très difficiles et l’ennemi s’y montre agressif.

Dès le 25 janvier, une attaque allemande, précédée d’une violente préparation d’artillerie sur un large front, se déclenche sur le secteur à la gauche du régiment, le 80e perd un petit poste par suite du fléchissement de la ligne occupée à notre gauche par un autre régiment, mais il est arrêté sur le reste du front de la 7e compagnie (compagnie da gauche). Le lendemain 26, un bataillon est mis à la disposition du 342e pour contre-attaquer et reprendre les tranchées perdues la veille par le régiment voisin: cette opération réussit en partie. Nos pionniers amorcent une tranchée pour relier notre gauche au quartier Brocart, travail exécuté la nuit à 15 mètres de l’ennemi, dans un terrain que le gel a durci. Les jours suivants, grande activité d’artillerie et des engins d’accompagnement.

Dès le 25 janvier, une attaque allemande, précédée d’une violente préparation d’artillerie sur un large front, se déclenche sur le secteur à la gauche du régiment, le 80e perd un petit poste par suite du fléchissement de la ligne occupée à notre gauche par un autre régiment, mais il est arrêté sur le reste du front de la 7e compagnie (compagnie da gauche).

Le lendemain 26, un bataillon est mis à la disposition du 342e pour contre-attaquer et reprendre les tranchées perdues la veille par le régiment voisin: cette opération réussit en partie. Nos pionniers amorcent une tranchée pour relier notre gauche au quartier Brocart, travail exécuté la nuit à 15 mètres de l’ennemi, dans un terrain que le gel a durci. Les jours suivants, grande activité d’artillerie et des engins d’accompagnement.

En mémoire de Joseph Perrigaud, mort près de Verdun (Cote 304) en janvier 1917

A la chapelle des Marais
A la Chapelle des Marais (44)


Le 3 mars 1917, un coup de main heureux est exécuté par le groupe franc du 3e bataillon sur l' »Ouvrage triangulaire ». Tandis que l’artillerie d’appui exécute un violent tir d’encagement, le groupe franc bondit sur la première ligne ennemie; il la trouve abandonnée; entraîné par son chef, le lieutenant Lacouture, il s’infiltre dans les boyaux pour rechercher les allemands. Deux ennemis sont abattus à coups de pistolet,
un autre est fait prisonnier et un grenaten-werfer est ramené. Le coup de main a réussi en sept minutes, sans pertes. C’est un genre d’opérations dans lequel le 80e va exceller désormais.

Dans les travaux d’organisation aussi bien que dans l’attaque ou dans la défense, le 80e a l’occasion de montrer ses brillantes qualités. C’est ainsi que, dans la nuit du 28 mars 1917, le 3e bataillon ayant été mis à la disposition du colonel commandant le 112e régiment d’infanterie pour creuser une tranchée et réparer la ligne existante au saillant d’Avocourt où s’exécute une attaque, ses trois compagnies se comportent avec un tel cran que le colonel du 112e croit devoir les récompenser en les citant à l’ordre de son régiment.

Le 28 avril, un groupe du 1er bataillon, composé de 1 sergent, 1 caporal et 7 hommes sous les ordres du sous-lieutenant CLAUZEL, exécute un coup de main sur un petit poste allemand situé dans la tranchée Dherin. Cette opération, très bien préparée, est effectuée sans aucun tir d’artillerie, avec le seul concours des grenadiers V.B. de la compagnie en ligne. Le groupe, partagé en trois fractions, s’avance en rampant par trois brèches pratiquées les nuits précédentes dans le réseau français.

A un signal donné par une fusée éclairante, le tir des V.B. se déclenche pour isoler le poste allemand de ses voisins et tous les hommes s’élancent. Le lieutenant CLAUZEL est en tête; il se fraie lui-même un passage à travers les défenses accessoires qui couvrent la première ligne ennemie et saute le premier dans la tranchée allemande. A quelques pas de lui, un guetteur ennemi; sans perdre de temps, CLAUZEL se jette sur lui et l’emmène; deux autres guetteurs sont faits prisonniers; un autre qui sort d’un abri est repousse à coups de pistolet, des grenades sont jetées dans l’abri.

Le sous-lieutenant Clauzel donne alors le signal du retour. I1 s’est déchire les mains aux fils de fer barbelés, mais a rempli sa mission sans aucune perte (un seul homme blessé légèrement). Il est cité à l’ordre de l’armée et sera plus tard fait chevalier de la Légion d’honneur pour un fait identique.


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1918

OPÉRATIONS DE FIN DE CAMPAGNE (Août-Novembre 1918)

La contre-offensive française qui se déroule depuis quelques semaines va donner au régiment l’occasion de se distinguer au cours d’une poursuite brillante et audacieuse.

De Nancy, qu’il quitte le 23 août, le régiment se rend par chemin de fer, puis par étapes, dans la région de Soissons où il arrive le 28.

Enlevé le 30 août par camions, il exécute à son débarquement une marche de nuit de 18 kilomètres et relève, le 31 à 4 h 30, un régiment à Pont-Saint-Mard. Une heure après la relève, l’ordre est donné au 1er bataillon de franchir l’Ailette et de reprendre le contact avec l’ennemi. Le bataillon n’hésite pas; malgré la fatigue des hommes et leur ignorance complète du terrain, il se porte avec entrain sur le canal de l’Aisne à l’Oise, lance une passerelle et fait occuper la ferme Nogentel par des détachements; la garnison de Bain-les-Dames, soit 2 sergents et 9 hommes, est faite prisonnière. Comme l’ennemi résiste avec opiniâtreté au château de Nogent, le second bataillon passe l’Ailette pour attaquer ce point, mais il ne peut progresser en raison des difficultés du terrain et de la violence du tir de l’artillerie et des mitrailleuses.


Le lendemain 1er septembre, l’attaque est reprise devant Coucy-le-Château. Les avancées de ce formidable bastion naturel sont solidement tenues par les Allemands; l’Ailette, le canal, le château de Nogent, le Bois rectangulaire, sont autant d’obstacles âprement défendus par l’ennemi.

Les deux bataillons engagés atteignent leurs objectifs, faisant plus de 150 prisonniers, dont 7 officiers. Au cours de cette attaque, vers 18 heures, le sous-lieutenant Courtin, de la 5e compagnie, aperçoit des Allemands qui, des abris où ils sont terrés, agitent un fanion blanc; il se lance dans leur direction avec une dizaine d’hommes et sait si bien leur en imposer qu’il ramène dans nos lignes une cinquantaine de prisonniers dont 5 officiers. Un certain nombre de mitrailleuses lourdes et légères restent entre nos mains.


Le 2 septembre au matin, le 1er bataillon reprend sa progression: il repousse l’ennemi qui résiste pied à pied et parvient à s’enfoncer de 800 mètres dans le bois de Monthizel. Grâce à ce gain de terrain, le régiment de droite, dégagé, peut à son tour franchir l’Ailette. L’attaque est reprise à 14 heures dans la direction de Coucy-le-Château, le 2e bataillon atteint son objectif, « le Bois rectangulaire », faisant une centaine de prisonniers et ramenant 14 mitrailleuses. Le 1er bataillon est relevé par le 143e qui a pu progresser, et le régiment se reforme en profondeur.


A cette affaire, le sous-lieutenant Courtin s’illustre encore : Quinze minutes avant l’heure fixée pour l’attaque, il s’engage avec son peloton, en colonne par un, dans le bois de Nogentel, exécutant ainsi un déplacement latéral à l’insu de l’ennemi, qui tient la forteresse de Coucy. Cette manœuvre audacieuse a pour but de prendre à revers les Allemands qui occupent la lisière sud du bois. Le sous-lieutenant Courtin trouve, à sa grande surprise, la lisière fortement garnie de tirailleurs; mais les Allemands, se voyant pris par derrière se rendent en grande partie, tandis que le reste fuit et est ramassé par l’autre peloton de la compagnie qui lui coupe la retraite. Le sous-lieutenant Courtin est fait chevalier de la Légion l’honneur.

Au cours de ces trois journées des 31 août, 1er et 2 septembre, le 80e a rempli la mission qui lui avait été confiée franchissant l’Ailette, reprenant le contact avec l’ennemi et atteignant tous ses objectifs. Il a fait 259 prisonniers et s’est emparé, en outre, de 2 canons, 20 mitrailleuses, 180 fusils et un matériel considérable.

Le régiment reste sur place les 3 et 4 septembre, se bornant à exécuter de nombreuses reconnaissances et à repousser celles de l’ennemi.

Le 5 au matin, il s’aperçoit que les Allemands battent en retraite; la poursuite, aussitôt ordonnée, permet de conserver le contact avec eux; elle se fait sans aucune autre rencontre que celle de petits groupes de mitrailleurs rapidement réduits au silence ou capturés. Le recul de l’ennemi était de 4 kilomètres.

Ce succès vaut au 80e sa deuxième citation à l’ordre de l’Armée, en ces termes : Régiment magnifique qui vient de faire preuve une fois de plus de ses admirables qualités d’ardeur, d’opiniâtreté, d’esprit de sacrifice. Sous l’énergique impulsion du commandant Cros, puis du colonel Plande, a livré une série de combats acharnés, fait reculer pas à pas un ennemi tenace et l’a finalement contraint à une retraite précipitée. A capturé plus de 250 prisonniers et fait un énorme butin.

Un convoi de 10 000 prisonniers passe à Chalons sur Marne fin aout 19118 // La Contemporaine

La période du 6 septembre au 11 octobre marque un arrêt dans l’avance. Le régiment occupe divers secteurs de notre ancienne première ligne en avant de Coucy-le-Château et de Folembray, tandis qu’en face de lui les Allemands tiennent la ligne Hindenburg et les avancées de la forêt de Saint-Gobain.

Vues de Coucy-le-château début septembre 1918 // La Contemporaine


Pendant cette courte occupation, un coup de main audacieux et très réussi est exécuté par le capitaine de territoriale PATUREAU-MIRAND, affecté, sur sa demande, dans l’armée active comme commandant de compagnie.


Le 22 septembre, le capitaine PATUREAU décide d’enlever un poste allemand dont il a reconnu l’emplacement le 18. Il part à la tête de 37 hommes de sa compagnie. Mais le poste allemand, mis en éveil par la reconnaissance précédente, a renforcé ses défenses accessoires. L’effet de surprise ne pouvant avoir lieu, le capitaine rallie son groupe et prend aussitôt de nouvelles dispositions et un itinéraire différent. Au cours de la marche dans un layon du bois, le capitaine découvre, dans un sentier, des traces fraîches. Il conclut à la présence d’un poste au bout de ce sentier et décide de l’enlever.

Le groupe d’attaque part avec précaution dans le sentier, le sergent Renard en tête; une toile de tente, destinée à garantir un guetteur allemand contre la pluie, indique la présence d’abris à proximité. Le sergent RENARD, qui les découvre, crie « France, en avant! » et est suivi par son groupe qui tire des coups de pistolet dans les abris. Le capitaine Patureau ramène tout le poste prisonnier, soit 6 hommes.

Un soldat français mène des prisonniers allemands (08/1918) // La Contemporaine.

Tombe d’Abel Printz, mort le 12 septembre 1918

Ce soldat, natif de Saint Denis est mort à Pierrefonds dans l’hôpital 226 de suite des blessures de guerre. Cet hôpital était installé dans le parc de l’hôtel des Bains.

Cet hôpital à Pierrefonds avait été bombardé peu de jours avant par les Allemands. L’infirmière Jeanne Elizabeth Jalaguier est morte dans ce bombardement .
Sa tombe est au dans le carré militaire de Pierrefonds:

Au tableau d’honneur de L’Illustration

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